lundi 5 octobre 2015

{entre nous} : Et si... la PMA

Et si ... et si tu avais 25 ans, que tu étais en couple depuis 4 ans et demi, que tu venais d'acheter une maison avec 3 chambres et une cour et qu'on t'annonçait que tu ne pourrais pas avoir d'enfants, en tout cas pas sans aide...
Ton monde s'effondrerait ?



Pour ma part, je sors de 3 mois de déprime. Je peux le dire, je peux mettre ce mot "déprime" sur les jours qui viennent de se passer, je peux dire que j'étais d'abord impuissante et effondrée, puis en colère, et triste et enfin j'ai relevé la tête et j'essaie d'affronter tout ça.
Et affronter tout ça, c'est aussi mettre des mots sur ce qu'on vit depuis quelques mois avec Chéri. Pour tout te dire, j'ai écrit et réécrit cet article au moins 10 fois depuis le 14 septembre, je me suis demandée plusieurs fois si c'était une bonne idée de le poster, d'une part parce que la plupart des personnes qui suivent ce blog me connaissent (ben oui je n'ai qu'une petite communauté), d'autre part parce que je ne savais pas si "étaler" sa difficulté à avoir des enfants et le parcours de la FIV était un sujet dont on parlait dans un blog.

Et puis en fait, je me suis rendue compte qu'on ne parlait pas assez de tout ça, que c'était un sujet tabou et que, par la même occasion, les mentalités autour de tout ça n'évoluaient pas et n'évolueraient jamais si personne ne racontait à quel point c'est difficile.

J'ai 25 ans et je débute mon parcours, je n'ai eu que quelques rendez vous médicaux, ces fameux rendez vous de "contrôle", ceux où on annonce la nouvelle sans y aller par 4 chemins parce que "il faut le dire" (je cite ma gynéco...). Alors oui il faut le dire, mais est ce qu'on parle de mon retour à la maison après ce rendez vous ? est ce qu'on dit que je me suis retenue de pleurer sur le chemin entre le CHU et l'arrêt de tram, pendant le trajet en tram, qu'arrivée dans ma voiture, je n'ai pas pu m'empêcher de pleurer, que j'ai conduit 20 min les larmes aux yeux et qu'une fois à la maison, j'ai éclaté en sanglot dans les bras de mon copain ?
Est ce qu'on parle de ces mois à vivre à moitié, à se demander que va être notre vie maintenant ? de ces "et si ... ? " qui résonnent constamment : et si on arrive jamais à avoir d'enfants? Et si je ne supporte pas le traitement ? et si on a des jumeaux ? et si on a qu'un seul bébé alors qu'on voulait une grande famille ?

Pour tout te dire, les seuls endroits où j'ai pu trouver des réponses, ce sont sur des blogs ou des forums de femmes qui sont passées par là... Parce que j'en suis sûre, tant que tu n'es pas passée par ce chemin compliquée qu'est la PMA, tu ne peux pas comprendre ce que je ressens là tout de suite et pourquoi un article à ce sujet me parait vital. Tant que tu n'es pas confrontée à cette idée que peut être tu n'auras jamais d'enfant...

Je sors la tête de l'eau après 3 mois à déprimer et ce qui me fait "aller mieux", c'est de parler, d'écrire, de dire les choses, Alors je vais tacher d'être honnête :

Ma première difficulté a été mon couple, j'ai eu envie de tout lacher, je ne concevais pas d'imposer ça à mon copain, je sais son désir d'avoir des enfants, je l'entendais me dire que le plus important était d'être ensemble, avec ou sans bébé, et je suis sure qu'il le pensait et qu'il le pense toujours mais non... pour moi, ce n'était pas possible. La peur que l'amour ne soit pas plus fort que les difficultés qu'on allait vivre ... Crois moi je lui  ai mené la vie dure, je le comprends maintenant,.. mais il a tenu bon. Et je me suis rendue compte que dans ma détresse, j'ai voulu tout envoyer valser... Parfois quand on va mal, on s'isole. Mais j'ai eu besoin de ça pour affronter l'idée que ma vie ne serait pas comme celle des autres, j'ai ressenti l'envie de penser à moi, de penser pour moi seulement. J'ai ouvert le blog, j'ai commencé à écrire sur des sujets qui me plaisaient..

La deuxième difficulté, le travail. J'ai eu une réflexion, il y a peu, de ma responsable. Je ne lui en veux pas, elle ne savait pas à quoi j'étais confrontée. Mais je dois me rendre à de nombreux rendez vous médicaux. Et forcément, qui dit spécialiste dit horaires plus ou moins imposés. Je suis prise en urgence dans le service de PMA, je ne choisis donc pas les créneaux et la plupart du temps je dois m'absenter de mon travail. Je sais que ce n'est pas fini, que de nombreux autres matins, journées apres midi vont devoir être consacrés à la FIV. Ma solution a été de dire clairement les choses à ma chef, qui heureusement pour moi est humaine. Oui,humaine mais elle n'en reste pas moins ma supérieure et même si je travaille bien, que je ne compte pas mes heures, ce qui reste, ce sont ces heures où je vais être absente. La loi n'a pas évoluée (même si elle est en train), les femmes (et les hommes parce qu'ils font partie de tout ça), qui sont dans ces protocoles ne disposent pas d'heures "médicales" comme peuvent avoir le droit les femmes enceintes... pour se rendre au centre, on doit poser des heures, des congés, ... et ça demande du temps...

et enfin, mon autre difficulté, ce sont les autres... parce que sans savoir, et là aussi je ne leur en veux pas, ils nous demandent souvent "alors à quand le bébé?"... Bah oui, ça parait anodin, on va me dire que je suis chiante mais c'est tellement difficile de répondre "pas pour maintenant", ou "on verra dans quelques temps" sans paraître triste et désemparée... c'est d'ailleurs la plupart du temps, mon copain qui répond...

Bien sûr, je pourrais suivre ces théories de psychologie positive et me consacrer à ce qui va bien dans ma vie... Mais j'ai une théorie, à laquelle je crois, qui dit que la vie se charge de rendre aux personnes méchantes tout le mal qu'elles ont fait ... Et parfois je me demande ce que j'ai pu faire dans ma vie ou dans une vie antérieure pour ne pas mériter d'avoir ce petit bonheur...

je ne sais pas si écrire fera bouger les mentalités, si quelque part quelqu'un va lire ces nombreux témoignages de femmes et de couples qui sont passés par là, mais si tu me lis et que toi aussi, tu dois vivre des moments difficiles, je t'invite à m'envoyer un mail pour parler (tu trouveras mon mail dans l'onglet contact). Parce que si j'ai bien appris une chose dans tout ça, c'est que s'isoler n'est pas la solution... tu peux aussi contacter l'association BAMP ici.



8 commentaires:

  1. Bonsoir. Je comprends très bien ton ressenti. J'ai moi-même un parcours PMA, ainsi que ma meilleure amie (et marraine de ma fille), qui est devenue maman avant moi. Elle disait un truc qui m'avait beaucoup aidée, parce que ça m'avait fait changer d'état d'esprit : elle disait souvent que c'est une telle chance, de vivre à une époque et dans un pays qui te permet de faire des FIV, alors qu'ailleurs ou il y a 50 ans, on serait juste restées sans enfant. Ton infertilité, c'est pas de chance, mais la FIV, c'est une chance. Et si tu le vis comme une chance, une énorme chance, tu verras que tu vivras mieux ce processus.
    Bon courage, et je te souhaite que tout marche pour le mieux.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour ton commentaire... sincérement, je n'ai pas encore passé cette étape de me dire que la FIV est une chance, même si, tu n'es pas la première à me dire ça...je pense que ça finira par arriver... pour l'instant j'ai plus peur qu'autres choses que rien ne fonctionne... Je suis par contre contente de savoir que vous avez réussi toi et ta meilleure amie à avoir des enfants et ces petits témoignages de personnes qui arrivent finalement à être parents, ça m'aide à garder un peu espoir. encore merci pour ton commentaire!

      Supprimer
  2. L'annonce de l'infertilité est d'une grande violence de mon point de vue. Faire un bébé, c'est quelque chose de si naturel et qui semble tellement facile pour les autres.
    Je te souhaite beaucoup de courage et de réussite dans cette épreuve. Si tu as besoin de soutien, tu sais où nous trouver, n'hésite pas :-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Une grande violence oui... Je n'ai pas voulu utiliser ce mot mais c'est ça. Je vous trouve petit a petit sur la blogosphère et ça m' aide beaucoup. j'espère aider d'autres personnes en partageant mon point de vue par rapport a tout ça.
      Merci pour ce commentaire ! Et de ton soutien
      A bientot

      Supprimer
  3. Bonjour Lucie, je découvre votre blog suite à une recherche twitter sur la pma. Je me retrouve tellement dans cet article. Pour ma part c'est mon mari qui a des soucis d'infertilité et le dialogue s'est totalement rompu entre nous depuis que le verdict est tombé. J'avoue ne plus savoir quoi faire. Moi j'aimerais commencer un parcours pma et voir ce que cela donne. Mais lui ne semble plus vraiment partant...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour, je comprends ce n'est pas toujours facile. je vous invite à m'écrire un mail si vous voulez parler de ça. On est une belle communauté (je la découvre depuis peu) et je pense qu'à nous toutes on peut s'entraider et peut être trouver des solutions. (slmtlucie@gmail.com)
      courage
      a bientôt

      Supprimer
  4. Donc pour les heures d'absence au CHU un peu compliqué car rdv fixe, on a posé des demies journée de congé et avant pour arriver plus tard, j'avais une note du secrétariat et c'était noté 1/2 arrêt maladie . Heureusement car avec tous les RDV de pma, je n'aurais plus eu de jours de congés.

    Pour les 3 mois de déprime, c'est l'un des apprentissages de la vie mais quand on est dedans on ne le voit pas enfin, ce que tu décris c'est juste naturel et normal, ça s'appelle un processus de deuil et donc tu es passée à la phase d'acceptation.

    Bonne chance en pma, là aussi il peut y avoir des choses difficiles mais aussi de l'espoir. les émotions y sont pas mal bousculées car les protocoles et traitement jouent sur les humeurs, dictées par la grosseur des follicules ou le nombre d'ovocyte. Il faut essayer d'y croire malgré tout

    RépondreSupprimer