dimanche 18 octobre 2015

{entre nous} : Non, je n'ai pas d'enfant...

Salut, je reviens aujourd'hui pour te parler PMA. Mon blog prend une tournure que je ne pensais pas, je me rends compte que j'ai besoin de parler de ça et de ce que je vis, des étapes que je passe et de celles qui arrivent...

Depuis quelques semaines je suis confrontée à des moments, des scènes, des phrases qui m'insupportent... et qui font que je me sens un peu seule parfois.



  • La pression sociale 

j'ai réagi il y a peu à cette pression sociale qui voudrait que l'on soit casé, embauché propriétaire et parents avant 25 ou 30 ans. Comme si cela constituait une suite logique et inévitable... Pour tout te dire, j'ai suivi le système, oui, je rentre dans certaines cases mais plus parce que j'ai évolué que par "obligation"

  1. je suis tombée amoureuse :  casée check
  2. j'ai fini mes études et mon association m'a embauchée en CDI  : travail check
  3. on a décidé d'acheter parce qu'on en avait marre des locataires, de ne pas pouvoir dessiner par les murs, accrocher les tableaux que l'on voulait bref avoir un vrai chez nous, propriétaire check


La seule case que je n'étais pas prête à remplir était celle d'être maman. Alors quand j'expliquais que je n'avais pas envie d'être enceinte, de perdre ma "liberté", de devoir arrêter de travailler pendant 6 mois, ... les gens me regardaient comme si j'étais la pire personne au monde genre "mais c'est quoi cette fille...". Et je suis restée camper sur cette position pendant longtemps, parce que j'avais le temps d'y penser à 25 ans... Calcul rapide, l'âge moyen pour le 1er enfant est de 27 ans, il me restait pas mal de marge et de voyages à faire d'ici là...
Alors aujourd'hui ma vision des choses a changé, je ne dis pas que j'ai envie d'un enfant parce que c'est maintenant ou jamais. Bien que ce soit cette sensation que j'ai eu au début, et, c'est elle qui a fait que je n'ai pas réussi à envoyer le dossier et que j'ai mis un mois avant de le poster. Non, je dirais que j'ai toujours voulu fonder une famille, que c'était effectivement une suite logique à notre vie, que nous n'avons pas acheté une maison avec 3 chambres, pour avoir un bureau chacun... simplement dans la vie, certaines projets ne sont pas prioritaires, celui là ne l'était pas... il a simplement fallu tout reconsidérer. Et c'est ce qui a été le plus dur. 

Ma psy m'a dit lors de notre seule et unique séance à ce sujet que je serais en processus d'assimilation de la FIV comme faisant partie de mon parcours lorsque j'en parlerai... Si je te dis que vendredi lorsqu'une collègue m'a demandé comment j'allais niveau santé, je lui ai expliqué tout ça sans pleurer et que je suis fière de moi, tu en dis quoi ?

Moi j'en dis, que j'ai passé une étape, importante. celle de dire, Je suis infertile, je dois passer par une FIV pour avoir un enfant.
J'ai accepté cette idée, aujourd'hui j'attends le reste des informations, celles au sujet du protocole, des douleurs, du changement,... qui seront je pense plus difficile à m'approprier.

Je compte les jours jusqu'à ce fameux rendez vous, j'essaie de savoir ce que sera ma vie en lisant des blogs, en parlant à des personnes qui sont passées par là. 
Le plus dur est de me dire que mon parcours ne sera pas comme les autres et que je ne pourrais jamais me justifier par rapport à tout ça. Faire le deuil du "quand je veux", du "bébé couette", comme si, au final je n'aurais pas la chance d'avoir un enfant comme les autres. C'est peut être idiot, mais en fait, je ne me sentais pas à part quand je disais que je ne voulais pas d'enfant, je le sens quand je pense ou que je dis que je dois passer par une FIV. 
Et la pression sociale est différente, elle apparaît dans le travail et dans ce temps que tu dois consacrer pour les rendez vous,... Finalement tu as cette sensation de ne jamais être tranquille, de toujours justifier de tout. Mais ça c'est un autre sujet que j'aborderai plus tard. 


  • ces questions gênantes

oui, je suis ce genre de personne qui pense que la question "et les enfants c'est pour quand?" est chiante et super gênante. 
Je n'aimais déjà pas qu'on me demande avant, parce que les gens pensaient de moi que j'étais égoïste, étrange, faisant partie de cette génération de workinggirl dont la carrière passe avant tout (sauf que je n'ai pas spécialement de carrière en fait...). Bref, je sentais ce regard désapprobateur et surtout je n'aimais pas qu'on me juge.

Aujourd'hui cette question m'énerve d'autant plus que je sais que les gens pensent tout ça, sans se dire qu'ils me font de la peine à moi mais aussi à mon copain. Parce que chaque fois qu'on me parle de ça, on me rappelle à quel point mon parcours va être compliqué. Alors autant, il y a un mois de ça, je répondais "on verra" que maintenant je dis (sur les conseils de quelqu'un qui va se reconnaître) que "ce n'est pas si facile". Et je mets mal à l'aise en répondant ça, parce que ça veut tout dire et rien dire à la fois mais une chose est sûre, on me laisse tranquille. 
En parler c'est bien, mais aux bonnes personnes et aux bons moments c'est mieux. 
Je ne dis pas qu'il ne faut pas demander, s'intéresser à la vie future de tout ces petits couples qui font partie de vos vies, simplement, ne pas rentrer dans le détail de ce que les enfants peuvent changer au quotidien serait un plus... parce que rester à 2 peut être un choix ou non et dans les 2 cas, c'est personnel. 


Je me rends compte que dans tout ce parcours ce qui est rend la vie difficile parfois c'est ce sentiment d'être à l'écart, un peu hors norme...

Et vous, vous faites comment face à ses questions ? 






mercredi 7 octobre 2015

{entre nous} : Mon homme, la fiv et moi…

Aujourd'hui, nous sommes mercredi. Lundi, j'ai posté un article concernant la PMA (ici), et depuis lundi, j'ai de nombreux retours, de nombreux partages. J'ai pu aborder le sujet avec des personnes que je ne connaissais mais qui comprenaient mes mots, mes sentiments et surtout mon ressenti face à tout ça. 
Alors déjà, merci : merci à toutes celles (et ceux) qui ont pris le temps de me lire, de me répondre, de commenter, de tweeter, ... Le paradoxe est que je me sens moins seule sans avoir rencontré une seule d'entre vous. 

Alors, j'ai pris mon carnet, celui que je tiens depuis ce 31 juillet, date à laquelle j'ai appris que ma vie ne serait plus jamais la même et j'ai décidé que mon blog prendrait une tournure moins joyeuse : je consacrerais toujours du temps à mes articles beauté et lifestyle mais je me permets également de partager cette partie de ma vie, qui pour moi doit être partagée ; Parce que j’ai pu avoir de nombreux retours par mail de femmes qui vivent la même chose que moi. Et si elles n’écrivent pas, je sais qu’elles ont besoin de lire aussi, que quelque part, quelqu’un a les mêmes sentiments.

De toutes les conversations que j’ai eu, on a souvent fini par discuter du rôle de notre conjoint/mari/copain bref la personne qui partage votre vie. Pour ma part, le seul papier officiel qui nous lie est un récépissé de pacs mais nous vivons une période qui nous soude, et c’est notre promesse, que nous serons toujours là l’un pour l’autre.


Si je dois te résumer mon expérience avec lui et l’annonce de la FIV, le seul mot qui me vient à l'esprit est rejet. Au tout début, j’ai rejeté l’amour de ma vie. J’ai considéré égoïstement son bonheur comme prioritaire. J’ai pensé qu’il ne méritait pas autant de complications. Et inconsciemment je ne l’ai pas laissé m’aider, être là et il a du lutter. Et crois moi, quand je repense à ces semaines que je lui ai fait vivre je m’en veux.
Mais un jour où j’ai pleuré, où je lui ai dit que je n’étais pas prête à vivre tout ça, que le dossier de PMA était encore sur le bureau devant l'ordinateur parce que j'étais incapable de l'envoyer, il m’a dit « n’envoie pas le dossier si tu ne veux pas, on aura pas pas d’enfants mais on sera tous les 2 ». Et là, j’ai compris, j’ai compris que fonder une famille c’est important, oui bien sûr mais avoir quelqu’un qui est prêt à y renoncer parce qu’il t’aime ça l’est d’autant plus.
Je ne dis pas que j’ai un homme parfait, il a des défauts mais une chose est sûre il est là, il vit avec moi ces étapes difficiles et il cherche à comprendre.

On a souvent ce sentiment d’être incomprise par le monde entier. (Ce qui n’est pas totalement faux). Et nos hommes ne peuvent pas comprendre les changements qui interviennent dans nos corps, ces mots qui reviennent sans cesse, ce qu’"insuffisance ovarienne" ou "ménopause précoce" veulent dire… D'ailleurs, parfois, même les femmes qui nous entourent de comprennent pas. Mais en même temps, ça parait inconcevable de ne pas avoir le contrôle sur notre propre corps, de se dire que l'on est différente, que l'on subit et que rien ne peut changer ça. C'est difficile déjà pour nous de se l'expliquer alors poser des mots dessus, c'est encore plus compliqué. J'ai voulu dire un jour que c'était ma féminité qui était touchée, on ne m'enlève pas une partie de moi, mais je sais qu'une part de ce qui fait de moi une femme ne fonctionne pas. C'est différent de choisir de ne pas avoir d'enfants ou de le subir.
Mais, ce qu'il faut se dire, c'est que cette décision de faire un enfant est prise à 2, et que le fait de de ne pas pouvoir est subi par les 2.

Dans ces moments là, il faut accepter de devoir vivre des choses seules et des choses à 2. 
On est seul pour se remettre de ses annonces parce que chacun l’assimile comme il peut, on est 2 pour les rendez vous et entendre les mauvaises nouvelles, pour vivre les protocoles, faire les dossiers (parce qu’il y en a du dossier…). Le parcours de la PMA je crois que c’est 2 parcours différents qui sont liés.

En lisant des blogs et des témoignages à ce sujet, ce qui en ressort le plus souvent, c'est ce lien qui se créé. Et pour ma part, je suis au tout début de cette épreuve, mais je sens déjà que je peux affronter beaucoup simplement parce que mon copain est présent. Parce que des fois, il voit que ça ne va pas et qu'il me prend dans ses bras, parce que quand je lui dit que j'ai un coup de cafard, il me répète qu'il est là, parce que je peux lui dire de quoi j'ai peur et que même s'il ne peut pas tout comprendre, il m'écoute. Mais aussi parce qu'il me dit que ça lui fait peur également, que cette épreuve nous renforcera, qu'il sera là pour nous, pour moi. Etre ensemble pour le meilleur et pour le pire, c'est ça pour moi l'amour. 

On a tendance à se renfermer quand on est mal, et je suis la première à m'isoler pour écrire, bloguer, lire des blogs, j'ai besoin de ces moments où je pense à moi. Mais je sais aussi que je ne parle pas de tout ça à mon entourage, que je ne veux pas que tout le monde soit au courant et que la seule personne avec qui je partage ce que je pense, c'est mon copain. Et depuis quelques semaines, ce lien entre nous s'est renforcé, et on se comprend mieux : lorsqu'on nous parle de bébé, lorsqu'on en voit un, lorsqu'on discute à propos de ces 2 chambres vides et qu'on se dit "le jour où on a un enfant...", quand on reçoit cette convocation pour le rendez vous de PMA, mais aussi quand je lis les articles au sujet de la réforme du droit du travail sur les congés des femmes en PMA. Aujourd'hui, on vit tous les 2 dans un monde à part. Et ça, c'est ce qui fait notre couple. 

Alors je ne sais pas si ça va continuer, peut être que dans un an, je n'aurai pas du tout le même discours mais à ce moment précis, je ne peux que lui dire MERCI, d'être là, de rester et d'être fort pour nous 2. 

Courage à toute les PMettes et n'hésitez pas à me contacter par mail (onglet contact) pour parler de vos expériences et ressentis.





lundi 5 octobre 2015

{entre nous} : Et si... la PMA

Et si ... et si tu avais 25 ans, que tu étais en couple depuis 4 ans et demi, que tu venais d'acheter une maison avec 3 chambres et une cour et qu'on t'annonçait que tu ne pourrais pas avoir d'enfants, en tout cas pas sans aide...
Ton monde s'effondrerait ?



Pour ma part, je sors de 3 mois de déprime. Je peux le dire, je peux mettre ce mot "déprime" sur les jours qui viennent de se passer, je peux dire que j'étais d'abord impuissante et effondrée, puis en colère, et triste et enfin j'ai relevé la tête et j'essaie d'affronter tout ça.
Et affronter tout ça, c'est aussi mettre des mots sur ce qu'on vit depuis quelques mois avec Chéri. Pour tout te dire, j'ai écrit et réécrit cet article au moins 10 fois depuis le 14 septembre, je me suis demandée plusieurs fois si c'était une bonne idée de le poster, d'une part parce que la plupart des personnes qui suivent ce blog me connaissent (ben oui je n'ai qu'une petite communauté), d'autre part parce que je ne savais pas si "étaler" sa difficulté à avoir des enfants et le parcours de la FIV était un sujet dont on parlait dans un blog.

Et puis en fait, je me suis rendue compte qu'on ne parlait pas assez de tout ça, que c'était un sujet tabou et que, par la même occasion, les mentalités autour de tout ça n'évoluaient pas et n'évolueraient jamais si personne ne racontait à quel point c'est difficile.

J'ai 25 ans et je débute mon parcours, je n'ai eu que quelques rendez vous médicaux, ces fameux rendez vous de "contrôle", ceux où on annonce la nouvelle sans y aller par 4 chemins parce que "il faut le dire" (je cite ma gynéco...). Alors oui il faut le dire, mais est ce qu'on parle de mon retour à la maison après ce rendez vous ? est ce qu'on dit que je me suis retenue de pleurer sur le chemin entre le CHU et l'arrêt de tram, pendant le trajet en tram, qu'arrivée dans ma voiture, je n'ai pas pu m'empêcher de pleurer, que j'ai conduit 20 min les larmes aux yeux et qu'une fois à la maison, j'ai éclaté en sanglot dans les bras de mon copain ?
Est ce qu'on parle de ces mois à vivre à moitié, à se demander que va être notre vie maintenant ? de ces "et si ... ? " qui résonnent constamment : et si on arrive jamais à avoir d'enfants? Et si je ne supporte pas le traitement ? et si on a des jumeaux ? et si on a qu'un seul bébé alors qu'on voulait une grande famille ?

Pour tout te dire, les seuls endroits où j'ai pu trouver des réponses, ce sont sur des blogs ou des forums de femmes qui sont passées par là... Parce que j'en suis sûre, tant que tu n'es pas passée par ce chemin compliquée qu'est la PMA, tu ne peux pas comprendre ce que je ressens là tout de suite et pourquoi un article à ce sujet me parait vital. Tant que tu n'es pas confrontée à cette idée que peut être tu n'auras jamais d'enfant...

Je sors la tête de l'eau après 3 mois à déprimer et ce qui me fait "aller mieux", c'est de parler, d'écrire, de dire les choses, Alors je vais tacher d'être honnête :

Ma première difficulté a été mon couple, j'ai eu envie de tout lacher, je ne concevais pas d'imposer ça à mon copain, je sais son désir d'avoir des enfants, je l'entendais me dire que le plus important était d'être ensemble, avec ou sans bébé, et je suis sure qu'il le pensait et qu'il le pense toujours mais non... pour moi, ce n'était pas possible. La peur que l'amour ne soit pas plus fort que les difficultés qu'on allait vivre ... Crois moi je lui  ai mené la vie dure, je le comprends maintenant,.. mais il a tenu bon. Et je me suis rendue compte que dans ma détresse, j'ai voulu tout envoyer valser... Parfois quand on va mal, on s'isole. Mais j'ai eu besoin de ça pour affronter l'idée que ma vie ne serait pas comme celle des autres, j'ai ressenti l'envie de penser à moi, de penser pour moi seulement. J'ai ouvert le blog, j'ai commencé à écrire sur des sujets qui me plaisaient..

La deuxième difficulté, le travail. J'ai eu une réflexion, il y a peu, de ma responsable. Je ne lui en veux pas, elle ne savait pas à quoi j'étais confrontée. Mais je dois me rendre à de nombreux rendez vous médicaux. Et forcément, qui dit spécialiste dit horaires plus ou moins imposés. Je suis prise en urgence dans le service de PMA, je ne choisis donc pas les créneaux et la plupart du temps je dois m'absenter de mon travail. Je sais que ce n'est pas fini, que de nombreux autres matins, journées apres midi vont devoir être consacrés à la FIV. Ma solution a été de dire clairement les choses à ma chef, qui heureusement pour moi est humaine. Oui,humaine mais elle n'en reste pas moins ma supérieure et même si je travaille bien, que je ne compte pas mes heures, ce qui reste, ce sont ces heures où je vais être absente. La loi n'a pas évoluée (même si elle est en train), les femmes (et les hommes parce qu'ils font partie de tout ça), qui sont dans ces protocoles ne disposent pas d'heures "médicales" comme peuvent avoir le droit les femmes enceintes... pour se rendre au centre, on doit poser des heures, des congés, ... et ça demande du temps...

et enfin, mon autre difficulté, ce sont les autres... parce que sans savoir, et là aussi je ne leur en veux pas, ils nous demandent souvent "alors à quand le bébé?"... Bah oui, ça parait anodin, on va me dire que je suis chiante mais c'est tellement difficile de répondre "pas pour maintenant", ou "on verra dans quelques temps" sans paraître triste et désemparée... c'est d'ailleurs la plupart du temps, mon copain qui répond...

Bien sûr, je pourrais suivre ces théories de psychologie positive et me consacrer à ce qui va bien dans ma vie... Mais j'ai une théorie, à laquelle je crois, qui dit que la vie se charge de rendre aux personnes méchantes tout le mal qu'elles ont fait ... Et parfois je me demande ce que j'ai pu faire dans ma vie ou dans une vie antérieure pour ne pas mériter d'avoir ce petit bonheur...

je ne sais pas si écrire fera bouger les mentalités, si quelque part quelqu'un va lire ces nombreux témoignages de femmes et de couples qui sont passés par là, mais si tu me lis et que toi aussi, tu dois vivre des moments difficiles, je t'invite à m'envoyer un mail pour parler (tu trouveras mon mail dans l'onglet contact). Parce que si j'ai bien appris une chose dans tout ça, c'est que s'isoler n'est pas la solution... tu peux aussi contacter l'association BAMP ici.